Un exercice de pitch inversé...
Dans le cadre de notre programme d’accélération Novapuls, nous organisons des “Investor Meeting”, rendez-vous mensuel qui permet aux fondateurs des startups que nous accompagnons de se mettre dans la tête d’un investisseur différent chaque mois. Un exercice de pitch inversé précieux pour les entrepreneurs qui lanceront demain leur opération de levée de fonds.
Pour répondre à cette question, nous avons donc interrogé trois de ces investisseurs qui s’impliquent aux côtés des fondateurs des entreprises innovantes de nos régions : Jean-François Aguesse, entrepreneur et business angel au sein du réseau Atlantique Business Angel Booster, Léna Picard, entrepreneure et présidente des Business Angels 35 et Benoit Perrin, investisseur chez Sodero Venture.
Une startup, rappelons-le, est une entreprise nouvelle et innovante à fort potentiel de croissance et de spéculation sur sa valeur future (pour reprendre la définition proposée par BPI France).
Et c’est cette courbe de croissance qu’elle va chercher à financer, d’abord avec des solutions non-dilutives, aides et subventions à l’innovation, puis en Love money ou financement participatif, avant d’aller chercher les business angels et fonds en capital innovation qui entreront au capital et participeront ainsi à l’aventure.
« Le venturi capitale (VC) vient du temps des grands explorateurs, comme Colomb, qui cherchaient des fonds pour financer leur premier voyage. C’est cette aventure-là, ce premier voyage, que nous finançons en temps que fonds VC », raconte Benoît Perrin.
À la question du « pourquoi investir », Léna Picard répond : « C’est indispensable de soutenir les entrepreneurs qui ont envie de créer de la valeur sur le territoire parce que c’est là que ça se passe, tout simplement. C’est notre rôle sociétal en tant que business angels de soutenir les dossiers dans lesquels nous croyons et où on peut à la fois apporter un peu de fonds et puis de la compétence, de l’expérience… »
« Dans notre société en pleine mutation, l’innovation est au cœur de tout. Si on veut être acteur de ce changement, ne pas simplement le décréter ou faire de l’incantation, il faut soutenir ces jeunes sociétés qui font bouger les choses, partage Jean-François Aguesse. Et si on n’aide pas ces talents à financer leur projet, dès l’amorçage, en love money ou via des réseaux de business angels, on favorise leur départ et on appauvrit nos territoires. Tout ça, c’est un modèle vertueux ! »
Et sur un plan plus personnel, Jean-François évoque « la participation à ces formidables aventures entrepreneuriales, qui ont du sens », au-delà de la motivation financière.
Alors comment participer à ces aventures ?
« En direct, via une opération de crowdfunding, un club de business angels, sa banque, un family office, un fonds corporate, un fonds local ou institutionnel… Les options sont nombreuses et chacun trouvera le format qui lui correspond, explique Benoît. En gardant à l’esprit que, la plupart du temps, plusieurs de ces solutions sont activées conjointement pour financer les besoins d’un projet innovant. Cela permet de diminuer le risque pour chacun des acteurs en présence. »
« On investit en direct lorsqu’on a une conviction forte, une expertise forte et un bon réseau sur le marché de la startup. Dans un réseau de business angels, on entre dans une logique de second niveau : on vient chercher du volume, du sourcing… pour définir sa propre doctrine d’investissement », partage Jean-François. « Ce qui n’empêche pas d’avoir des coups de cœur, pour l’équipe notamment et pour l’aventure ! »
« L’équipe fondatrice est en première ligne des critères d’investissement de l’ensemble des acteurs avec lesquels nous échangeons, poursuit Benoît. On regarde aussi évidemment la solution (produit ou service) proposée par la startup, s’il existe une forte barrière à l’entrée pour permettre une croissance rapide sur son marché et les premiers indicateurs commerciaux. »
Les jeunes entreprises du territoire n’affichent bien sûr pas toutes cette croissance exponentielle et ce potentiel de spéculation sur leur valeur future tels que décrits dans la définition de BPI France. Elles ne pourront peut-être pas, dans ce cas, lever auprès de fonds en capital innovation. Mais elles peuvent trouver des opportunités auprès de partenaires qui s’engagent à leur côté pour financer et apporter leur expertise à l’aventure.
Jean-François évoque ainsi, en tant qu’investisseur, la capacité d’engagement, de donner du temps et de l’objectivité à l’entrepreneur avec un effet miroir pour arriver à le faire cheminer.
« Être business angel, c’est aussi partager son réseau et son expérience. C’est aussi, si ce n’est plus important que l’argent ! »
Léna conclut : « Un business angel, c’est quelqu’un qui a à la fois l’argent et le temps et l’envie de transmettre. Il y a aussi une vraie question de feeling et de confiance entre investisseurs et avec les entrepreneurs. C’est la base ! Le pari de l’intelligence collective. »
[Le sujet vous intéresse ? Vous avez envie de découvrir des startups bretonnes et ligériennes ou de participer à l’un de nos Investor Meeting ? Rendez-vous chez Novapuls, à Rennes ou à Nantes !]